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Entre le ciel et la terre

9 mars 2008

Nous ne sommes que des mots, des mots qui résonnent dans l'éther. Mots murmurés, criés, crachés, mots répétés

Nous ne sommes que des mots, des mots qui résonnent dans l'éther, a dit Félix. Mots murmurés, criés, crachés, mots répétés des millions de fois ou mots à peine formulés par des bouches hésitantes. Moi, je ne crois pas à l'au-delà, mais je crois aux mots. Tous les mots que nous, les humains, avons dits depuis le commencement des temps y tournent en tond, suspendus dans le magma de l'univers. L'éternité est ainsi : un fracas inaudible de mots. Et peut-être que les rêves ne sont, eux aussi, que les mots des morts qui enttent dans nos têtes quand nous dormons et y forment des images. Je suis sûre que tous les,sons tournent autour de nous en faisant des tourbillons:'le cri Terre\ par lequel Rodrigo de Triana salua les côtes"amé­ricaines lors du premier voyage de Colomb, le moribond Toi aussi, Brutus par lequel César exprima sa douleur devant ses assassins, la très douce berceuse que ma mère chantait à mon chevet. Je ne me souviens pas de la chan­son, maïs je suis persuadée qu'elle est encore près de moi, ce qui me console. Parfois, il me semble sentir passer les mots de ma mère, comme une brise très légère qui caresse mon front ; et j'ai toujours l'espoir d'attraper ces mots en pleine nuit et de les revivre comme s'ils étaient neufs au sein de mon rêve.

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Fugtiive

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Non, la durée était un sentiment
le plus fugitif de tous,
plus rapide souvent qu’un instant
imprévisible, ingouvernable, insaisissable, immensurable.
Et pourtant, grâce à elle,
j’aurais pu, quel qu’ait été l’adversaire, lui rire à la figure, le désarmer.
J’aurais transformé
l’opinion que j’étais un méchant
en certitude :
« il est bon ! »
j’aurais été, s’il y avait un dieu,
son enfant, le temps de sentir la durée.

« Cela met des jours, dure des années » :
Goethe, mon héros
et maître de la parole objective,
une fois de plus tu as mis dans le mille :
la durée est en rapport avec les années
avec les décennies, avec le temps de notre vie ;
la durée est sentiment de vie.

Une fois de plus je l’ai appris :
l’extase est toujours de trop,
la durée elle est ce qu’il faut.

Or, la durée, c’est l’aventure de l’année qui passe,
l’aventure du fait quotidien
mais elle n’est pas une aventure de l’oisiveté
ni l’aventure d’un temps libre (si actif soit-il).

Le poème de la durée est un poème d’amour.
Il parle d’un amour au premier regard
suivi d’innombrables premiers regards.
Et cet amour
n’a sa durée dans aucun acte,
bien plutôt dans l’avant et l’après
où par cet autre sens du temps que donne l’amour,
l’avant est l’après
et l’après l’avant.
Nous nous étions déjà unis,
avant de nous être unis
et continuâmes à nous unir,
après nous être unis

Le sursaut de la durée
entoure en lui-même déjà un poème,
il donne une mesure muette,
qui ajoute et libère
et fait battre dans mes veines le pouls d’une épopée
où le bien finira par vaincre.

Avec la main de la durée qui se pose
la blessure se ferme
et je la sens seulement
Quand elle se ferme.

Le choix de la durée, c’est ce
qui m’a manqué.
Celui qui n’apprit jamais la durée
n’a pas vécu.

La durée ne déplace pas,
elle me replace.

 
Poème de la durée de Peter Handke

 

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